Hyaquadire-que bientôt
Prochain Projet « On pourrait voir les choses autrement »
50 ans, c’est peu dans mes yeux et beaucoup dans ceux de mes enfants.
À 50 ans, on sait la mort réelle. On l’a croisée de différentes façons. La vie prend soudain le goût particulier d’une harmonie toxique. Dans ce vacarme constant, on a accès aussi bien à la fougue qu’au dépit, à la résignation qu’à l’insoumission. Cet état est dans chacun de nos actes plus présent, et en perpétuel conflit. Il nous impose une réflexion constante et un engagement dans l’action fastidieux, qui semble bien porter le nom de « poids de la vieillesse ».
De même, on sait que la vie se heurte avant tout à la vie elle-même.
50 ans, c’est le pas sûr d’un homme hésitant, l’incertitude de la force, l’interdépendance des choses.
J’ai par habitude que la dernière scène de mon dernier spectacle soit le thème, ou le point d’ancrage, de celui à venir. L’avenir n’a-t-il pas toujours un pied dans le passé ?
Mon précédent spectacle « Lit sur mes lèvres », que j’ai eu la chance de monter au théâtre de la Parfumerie à Genève, grâce au soutien de la Ville de Genève, de la Loterie Romande et de la fondation Ernst Göhner, avec l’aide de l’ADC, du Château de Monthelon et de l’association Hyaquadire-que, se terminait par la séparation de deux personnages étrangement debout contre un mur, à l’horizontale. Le poids de l’attraction terrestre faisait office de poids des années, par lequel les deux protagonistes se retrouvaient inévitablement séparés. Les lamentations, les colères, l’indifférence, et toutes les émotions présentes n’en étaient pas réellement responsables… on aurait presque pu y voir la fatalité, quelque chose qui n’aurait pu être autrement.
Vraiment ?
« On pourrait voir les choses autrement », prochain spectacle de la compagnie Hyaquadire-que, ne fera pas exception à cet héritage.
Crise de la cinquantaine, monde en crise : crise climatique, crise économique, crise migratoire, pour ne citer que celles-là. S’acheter une Ferrari, fermer les yeux, foncer dans le mur ? Embrasser la fatalité, comme la gravité lorsqu’on est pieds au mur ? Ou essayer justement de voir tout ça autrement ?
« On pourrait voir les choses autrement», c’est s’accrocher, tenir ferme, se pendre pour ne pas mourir et pour le plaisir peut-être de ces émotions brutes ; c’est cette fuite dans la vie sans attente, cet oubli de soi : parvenir à se retrouver, à se voir de nouveau.
C’est s’abaisser à des sentiments qui nous élèvent, savoir être misérable, se tromper encore, chercher toujours, chuter et comprendre doucement qu’avoir mal ne résout rien. C’est se jeter à l’eau pour apprendre que ne pas se laisser couler, c’est nager un peu, et boire beaucoup. C’est accepter de renoncer à ce qu’on a toujours cru et ne pas renoncer à croire en « faire ».
« On pourrait voir les choses autrement », c’est dire que les points de vue sont autant de personnes, de solutions, pour voir et faire les choses autrement. Et que, même d’une autre façon, d’autres crises construiront demain.
Hyacinthe Reisch